Le charbon végétal est issu de plusieurs essences d'arbres à bois tendres (peuplier, saule, tilleul, etc...), d'écorces ou de coques de coco. Dans une première étape, ces "bois" sont carbonisés à haute température (>700°C). Ensuite, en vue de renforcer leurs propriétés d'absorption, ils sont traités à chaud par de la vapeur d'eau (oxydation contrôlée) afin de créer de multiples pores microscopiques.

Aujourd'hui, les filtres à charbon sont utilisés dans bien des domaines, aussi bien pour l'assainissement de l'air - salles d'opération, hottes de cuisine, masque à gaz, abris antiatomiques - que l'assainissement de l'eau. Et cela pour une raison simple : le charbon est probablement l'agent de décontamination le plus simple et le moins cher que nous connaissions. Il est aussi l'un des plus anciens : on trouve des traces de son usage pour la purification de l'eau dès l'Egypte ancienne.

Si les filtres à charbon sont désormais largement répandus et reconnus pour leur efficacité, l'usage du charbon lui-même, pour un usage de santé, demeure une pratique relativement peu répandue aujourd'hui. Pourtant, pour quelques euros, on peut se procurer du charbon ou plutôt du charbon "activé".

De quoi s'agit-il ? Ce charbon est obtenu en deux étapes. D'abord la phase de carbonisation où l'on calcine du bois (pin, bouleau, chêne, hêtre, peuplier, ...) en l'absence d'air. Puis la phase d'activation : le bois est recalciné aux même températures, mais cette fois, en présence de vapeur d'eau, d'air, ou de gaz oxydants.

Ce processus permet le développement d'un réseau de micropore dans la structure du charbon. Ceux-ci constituent de véritables pièges à molécules indésirables. La poussière de charbon développe, par la multiplication de ces micropores, une surface de contact phénoménale : 1 gramme de charbon pulvérisé représente l'équivalent d'une surface moyenne d'un kilomètre carré ! Ceci explique ses performances : le charbon peut fixer à sa surface (on parle adsorption) environ 100 fois son volume de gaz carbonique, 165 fois son volume d'anhydride sulfureux et 178 fois son volume d'ammoniaque... Le charbon est ainsi la plus puissante pompe à poisons. Cette propriété "aspirante" s'applique ainsi à nombre de poisons circulant dans le tube digestif  des pesticides agricoles aux solvants, des stupéfiants aux additifs alimentaires, des métaux lourds aux intoxications médicamenteuses. C'est pour cette raison qu'il es couramment utilisé dans les centres antipoison.

Mais les indications de la carbothérapie dépassent les situations d'empoisonnement.

Il contribue au confort digestif. Il a une grande capacité d'absorption, il participe à la détoxification du système gastro-intestinal et au contrôle des gaz digestifs. Ainsi, il a une action bénéfique sur les ballonnements et les flatulences.

On peut également l'employer pour résoudre les problèmes de mauvaise haleine (halitose).

Il est aussi recommandé en cas de problème d'excès alcoolique : un gramme de charbon (1/2 cuillère à café) neutralise 60 ml de whisky  Et enfin, le charbon est très bon pour l'hygiène dentaire lorsqu'on l'emploie pour se brosser les dents.

En cas d'intoxication sévère

Contactez sans tarder un centre antipoison. Sous leur supervision et en attendant les secours, la prise de charbon activé pourrait vous faire gagner un temps précieux. La dose préconisée est généralement est généralement de 30 à 50 g pour un adulte et de 0,5 à 1 g par kilo pour une enfant, dans 250 ml d'eau froide Le mélange n'a aucun goût. Pour les situations de diarrhée et turista, il est conseillé pour l'adulte de prendre une cuillère à café deux fois par jour à l'écart des repas, et pour l'enfant de plus de 6 ans une gélule deux fois par jour. Le tout avec un grand verre d'eau et jusqu'à disparition des troubles. Penser également à bien s'hydrater en cas de diarrhée pour compenser les pertes les pertes de liquides.

En cure d'assainissement digestif

Les posologies sont évidemment modulables en fonction de chaque cas. En moyenne pour un adulte, on peut opter pour le protocole de 2 gélules aux trois repas pendant quinze jours, puis continuer à raison d'une gélule par jour pendant le mois qui suit. Moduler les quantités en fonction de votre transit, notamment en cas de constipation.

De multiples expérimentations ont été réalisées sur des animaux pour vérifier si le charbon absorbe aussi les nutriments, provoquant des carences sur le long terme. Leur sang conserve toujours le taux adéquat de calcium, cuivre, zinc, fer, magnésium, phosphore, vitamines... et le pH de l'urine reste constant. En revanche, il arrive que le charbon ait un effet constipant sur certaines personnes. Il faut savoir aussi que le charbon inhibe les contraceptifs oraux et diminue l'effet des médicaments, de manière notable à partir de 8 g par jour. Il convient donc de prendre le charbon à distance de tout autre médicament (plus de 2 heures si possible). Le charbon actif est contre-indiqué en cas d'ulcère ou d'occlusion intestinale, et on l'évitera par précaution chez la femme enceinte.

Aurélie Brunet, Naturopathe-Nutritionniste à Aix-les-Bains (73)

Le 4 mars 2023