L'aromathérapie et la phytothérapie pourvoient diverses molécules aux propriétés antalgiques. Elles peuvent aider à vivre mieux dans le cadre de douleurs chroniques, en les atténuant et en permettant de retrouver un certain niveau de confort et de mobilité. Afin d'agir sur les différentes voies et récepteurs qu'emprunte la douleur, des associations sont en général judicieuses.
L'un des composés antidouleur les plus abondants dans le règne végétal est probablement le bêta-caryophyllène, qui se retrouve dans le poivre noir, le houblon, l'hélichryse, la cannelle, le basilic, le clou de girofle, l'origan, la lavande ou encore le romarin, et par conséquent dans leurs huiles essentielles (HE). Ce terpène possède des propriétés anti-inflammatoires et antinociceptives. Il contribue donc à diminuer la douleur, avec en prime un effet significatif contre l'anxiété, qui accompagne souvent la douleur chronique.
L'action anti-inflammatoire peut être renforcée par l'eucalyptus citronné, qui renferme près de 65% de citronellal, connu pour moduler l'inflammation et calmer l'échauffement. Son HE est, de surcroît, myorelaxante, ce qui permet de défaire les contractures qui accompagnent immanquablement les douleurs musculo-squelettiques (lumbago, torticolis, crampes, ...). La gaulthérie est elle aussi reconnue comme un anti-inflammatoire de premier ordre, grâce au salicylate de méthyle, un composé proche de l'aspirine. Son HE est incontournable chez les sportifs, tant dans la préparation à l'effort que la récupération, ainsi que pour son action antifatigue. Elle gagne à être associée au romarin à camphre, souverain sur les douleurs musculaires, avec en plus un "effet retard" bienvenu pour faire perdurer son action dans le temps. Ces HE sont indiquées pour toutes les douleurs chroniques d'ordre ostéoarticulaires, en particulier les rhumatismes et les douleurs réfractaires consécutives à la pratique sportive.
C'est à la fin des années 1980 qu'ont été découverts les récepteurs cannabinoïdes endogènes (anandamide, N-acyléthanolamines) chez les mammifères. Ils forment le système endocannabinoïde, qui module la douleur mais agit aussi sur l'appétit, la fertilité, l'anxiété ou encore le contrôle des cellules cancéreuses. Les récepteurs cannabinoïdes sont disséminés un peu partout dans le corps humain : organes, glandes endocrines, muscles, système nerveux, système gastro-intestinal... C'est sans doute pourquoi les cannabinoïdes exogènes, présents dans les cannabinoïdes exogènes, présents notamment dans le chanvre, le cacao, le poivre noir, le houblon, l'hélichryse et l'échinacée induisent des réponses dans une si grande variété d'affections.
Lorsque le moral s'en mêle - la douleur induit souvent un épuisement mental qui peut conduire à un début de dépression - , pensez au linalol de l'HE de lavande, qui, outre son action anxiolytique, présente aussi une activité antidouleur d'ordre sédatif et analgésique. Lavande et gaulthérie sont également utiles contre les névralgies rebelles (nerf sciatique, cruralgie, ...), souvent associées à des contractures profondes difficiles à résorber.
Sur le registre psychosomatique, en particulier quand le système digestif est impacté, l'HE de menthe poivrée reste une valeur sûre : elle stimule la digestion, présente des propriétés spasmolytiques et anti-inflammatoires qui apaisent le tractus digestif, de l'œsophage au colon. Elle aide aussi contre la fatigue et la détresse psychosociale, auxquelles prédisposent les douleurs chroniques. Puissante, elle peut s'utiliser avec parcimonie en cuisine, et en application externe, diluée à 10-15% dans une huile végétale, pour les douleurs sensibles au froid (articulations, tendinites, mal de tête). En interne, préférer les granules gastrorésistants.
Dans les cas extrêmes (telle une rage de dents), on peut avoir besoin d'une action anesthésiante (voir ci-dessous). Mission que remplira au mieux - sans pour autant atteindre l'efficacité d'une véritable anesthésie - l'HE de clou de girofle, avec son composé majeur, l'eugénol. Attention toutefois, étant dermocaustique, sa concentration en application sur la peau doit être limitée à 10% dans une huile végétale ou une synergie
En attendant d'aller chez le dentiste ...
Une douleur dentaire, en général, ça n'attend pas !
Mais voici une recette pour patienter jusqu'à son rendez-vous :
- HE de clou de girofle 2 ml
- HE de thym à linalol 2 ml
- HE de laurier noble 2 ml
- HE d'encens d'Inde (Boswellia serrata) 2 ml.
Mélanger dans 20 ml d'huile végétale (par exemple de sésame) et appliquer par massage sur la gencive autour de la dent 4 à 5 fois par jour. Ce mélange est même utilisable en bain de bouche (à ne pas avaler, donc !) à raison de 15 gouttes dans un demi-verre d'eau tiède.
Certaines plantes évoquées précédemment peuvent aussi être utilisées en phytothérapie, comme le houblon, qui dispensera pareillement ses propriétés antidouleur, anxiolytiques et sédatives. Une excellente tisane du soir.
L'échinacée, connue pour soulager les désagréments liés au rhume et renforcer l'immunité, possède des composant cannabimimétiques (les alkylamides) qui contribuent à réduire l'inflammation, en particulier en terrain auto-immun. La recherche a identifié plus d'une cinquantaine de molécules d'origine végétale présentant une activité cannabimimétique, notamment dans le calendula et l'aloe vera, deux plantes extraordinaires pour la cicatrisation des plaies, et qui calment donc dans le même élan les douleurs associées.
Parmi les plantes le plus communément admises comme antidouleurs, figure la reine-des-prés, véritable "aspirine végétale" du fait de sa teneur en dérivés salicylés. Elle agit sur la plupart des douleurs modérées, des maux de tête aux douleurs rhumatismales et arthrosiques. La reine-des-prés possède en outre un effet drainant, stimulant des fonctions d'élimination, qui souvent aident à améliorer la flexibilité et à diminuer la sensibilité des articulations sur le long cours. L'élimination des toxines contribue aussi à éviter les crampes et autres contractures au long cours, parfois responsables de complications ostéoarticulaires (psoas et trapèzes dans les lombalgies et torticolis). On peut consommer la reine des près sous forme de tisane ou de gélules, jusqu'à hauteur de 1000 à 1500 mg/jour en cas de crise.
L'écorce de saule blanc joue sur le même registre, pour des bénéfices similaires. D'après les utilisateurs, avertis, l'infusion d'écorce de saule (concentrée à raison de 30 grammes pour 100 ml d'eau) aide à calmer la crise de sciatique. Il faut une ou deux heures de patience pour ressentir une accalmie, qui peut durer jusqu'à environ six heures. Ces deux dernières plantes n'entraînent pas, comme fait l'aspirine de synthèse, d'effets indésirables tel des allergies, des gastrites ou des ulcères de l'estomac, lorsque prise régulièrement.
L'harpagophytum est aussi un remède à considérer à considérer en cas de crise et de poussée douloureuse. Les études reconnaissent son efficacité anti-inflammatoire, sous forme d'extrait aqueux ou de poudre à ingérer, à des doses quotidiennes de 50 et 100 mg d'harpagoside, contre les douleurs chroniques du dos, de la hanche ou du genou.
La " griffe du diable", son autre nom, peut aussi s'utiliser en application externe, et être associée, par exemple, à l'ortie pour ses propriétés minéralisantes et à l'écorce de saule, antalgique.
La consoude a la réputation de faciliter la consolidation (d'où son nom) des os et des cartilages, mais aussi une plante antidouleur polyvalente ainsi qu'un excellent décontractant musculaire, qui convient aussi bien aux petites blessures du sportif qu'aux douleurs arthrosiques. Une infusion huileuse pour application pour application externe, facile à confectionner soi-même, gagnera à associer la consoude à une autre plante aux vertus complémentaires, le millepertuis. Ce dernier est un véritable sédatif des nerfs, en plus d'être un calmant général et même un antidépresseur naturel.
La bromélaïne a révélé des propriétés antinociceptives et neuroprotectrices face aux douleurs de dos et de hanche. Cette enzyme extraite de l'ananas semble moduler les médiateurs de la douleur et réduire le stress subi par les cellules nerveuses. Elle a été testée à des doses quotidiennes de 500 à 2000 mg, sur des périodes de plusieurs semaines.
La curcumine, elle inhiberait un grand nombre de médiateurs pro-inflammatoires, aussi bien au niveau du système nerveux central que des nocicepteurs périphériques. Par le biais du microbiote et de l'axe intestin cerveau, elle modulerait aussi la réponse immunitaire. Les dosages oraux optimaux ne sont pas clairement définis, mais 8 voir 12 g / jour ne semblent pas avoir posé de problème dans les études.
L'étiologie des maux de tête étant très diverse, il serait vain de chercher une réponse universelle.
Mais voici une recette applicable à la plupart des céphalées occasionnelles non migraineuses :
- HE de menthe poivrée 4 ml
- HE de katafray 2 ml
- HE de gaulthérie couchée 2 ml
- HE de romarin camphré 2 ml
A conditionner dans un roll-on de 10 à 15 ml et à appliquer sur le front, les tempes, éventuellement la nuque, selon la zone douloureuse.
Aurélie Brunet, Naturopathe-Nutritionniste à Aix-les-Bains (73),
Le 13 mars 2023