Difficile d'éviter les pneumallergènes, car ils sont en suspension dans l'air,
à l'affut de la moindre porte d'entrée qui leur permettra d'entrer dans l'organisme.
L'allergie correspond à une anomalie des barrières qui normalement nous protègent des agressions extérieures que sont les allergènes, les virus, les polluants (particules fines, composés organiques volatils, ...). Chez les personnes allergiques, ces barrières naturelles (nez, yeux, ...) sont trop perméables avec l'extérieur. En inspirant, ces personnes font pénétrer les allergènes dans leurs muqueuses nasales, entraînant une réaction excessive du système immunitaire qui se manifeste par une kyrielle de réactions bien connues : nez qui coule, bouché ou qui démange, séries d'éternuements, perte d'odorat, gonflement des paupières, larmoiements, picotements et rougeurs des yeux. Les médecins regroupent ces symptômes sous les termes de rhinites allergique (le fameux rhume des foins) et/ou conjonctivite allergique.
Lorsque les allergènes pénètrent plus profondément dans les poumons, ils provoquent des contractions spasmodiques des muscles lisses des bronchioles et une hypersécrétion du mucus. La personne éprouve alors des difficultés respiratoires (surtout à expirer l'air contenu dans les les poumons), un sentiment d'oppression dans la poitrine, sa respiration est sifflante, sa toux irritante. C'est l'asthme allergique, qui touche plus de 20% de ceux qui souffrent de rhinite allergique.
Dans tous les cas, la personne est gênée et souffre notamment de troubles du sommeil, de fatigue et d'irritabilité. L'intensité des symptômes est bien sûr, modulée par la quantité des allergènes rencontrés, et l'on ne peut avoir qu'une ou deux de ces réactions, mais également les trois, successivement au fil des ans ou simultanément. Tout dépend de son terrain ( génétique), de la nature et de la quantité des allergènes inhalés (pneumallergènes).
Les acariens
Présents dans la poussière, l'air et même dans le lait maternel, ce sont les principaux responsables des allergies respiratoires, puisqu'ils concernent tout au long de l'année de 52 à 88% des personnes allergiques en fonction des régions. Ces arthropodes invisibles à l'œil nu (0,2 à 0,4 mm de long) ne vivent que 2 ou 3 mois, mais se reproduisent très vite toute l'année, sur les tapis, rideaux, matelas, ... Les acariens apprécient particulièrement la chaleur (l'idéal : 22-24°C) et l'humidité (>60%), avec une prédilection pour l'intérieur des vieilles maisons ou des résidences secondaires mal aérées
Les pollens
Libérés par les végétaux au moment de la floraison et transportés par le vent, les pollens sont responsables des allergies dites saisonnières (fin d'hiver, printemps, été). Ces minuscules particules sont en fait des structures reproductrices mâles d'arbres, de graminées (foin, seigle, blé, maïs) ou d'herbacées (herbe à poux, gazon). Chaque espèce végétale son type de pollen, la diffusion dépend donc de la répartition géographique des plantes. Ainsi, dans le sud de la France, on est davantage confronté aux pollens de graminées (50 à 75% des patients en fonction des régions), d'ambroisie, de cyprès ou d'olivier, tandis que, dans le Nord, ce sont surtout les pollens de bouleau (24 à 40% des patients en fonction des régions) et de frêne. Les villes sont aussi exposées que la campagne et aucun territoire n'est épargné même si la concentration de pollens est plus limitée dans les régions à façade maritime puisque le vent venu de la mer les repousse vers l'intérieur des terres.
Les moisissures
Ces champignons se développent à l'extérieur comme à l'intérieur et émettent des COV (composés organiques volatils) allergisants. Alternaria, qui provoque des taches brunes sur les feuilles des végétaux (blé, maïs, tournesol), sévit par exemple entre avril et octobre, notamment en juillet et août les lendemains d'orage. Aspergillus se développe à l'intérieur des habitations avec une prédilection pour les maisons plutôt humides et mal ventilées. On le retrouve partout, derrière les meubles, le papier peint, sur la peinture murale, en suspension dans l'air sur les vêtements, les matelas,... Une seule moisissure suffit pour déclencher une réaction allergique.
Les allergènes provenant des animaux (phanères)
Les poils, mais aussi les plumes, les écailles, les squames (c'est-à-dire les fragments de peau), l'urine et les sécrétions de certaines glandes animales sont susceptibles de provoquer des allergies chez les personnes sensibilisées. Ces microparticules invisibles à l'œil nu se retrouvent en suspension dans l'air, mais aussi sur les sols, les murs, les matelas, tapis, .... dès lors qu'un animal à poil, écaille ou plume a séjourné dans la pièce. Les plus allergisants sont les poils de chat, de chien, de cochon d'Inde, de cheval, ...
Un diagnostic plus difficile
Si ces symptômes persistent ou ressurgissent chaque année à la même époque, il faut consulter son médecin généraliste, qui orientera si nécessaire vers un allergologue. Seul un bilan allergologique permet en effet de confirmer le diagnostic d'allergie et d'identifier précisément le type d'allergène responsable. Essentiel sera l'interrogatoire sur la nature des symptômes, le lieu d'habitation, la présence d'un animal, l'environnement du travail. Les symptômes des allergies aux pollens sont par exemple souvent plus marqués et ils ne se manifestent en général qu'au printemps. Les allergies aux acariens provoquent des éternuements moins violents, mais plutôt un nez bouché qui rend le sommeil difficile.
En fonction de ces éléments, et quel que soit le ou les allergènes suspectés, l'allergologue effectue des tests de diagnostic pour identifier les responsables. Ces "prick tests" consistent à déposer une goutte de chaque allergène suspecté sur l'avant bras. L'allergologue fait ensuite pénétrer ce liquide dans la couche superficielle de la peau grâce à un bâtonnet pointu en plastique. Si une rougeur ou un gonflement apparaît à l'endroit de l'injection dans les vingt minutes suivantes, le test est positif. Si le patient "réagit" à de nombreux pollens, le médecin peut aussi demander un dosage de certains anticorps (IgE) dans le sang pour confirmer qu'il s'agit bien d'une allergie et non d'une simple sensibilisation. Cette méthode de diagnostic est très fiable, mais les spécialistes déplorent la la disparition de nombreux extraits allergiques pour pratiquer les tests cutanés. Les deux fabricant français ne les produisent plus en raison d'exigences intenables de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), et ceux qui sont fabriqués à l'étranger n'ont pas d'autorisation de mise sur le marché. Résultat : il reste seulement une trentaine de tests disponibles au lieu de 90 auparavant. Les allergènes de phanères ont ainsi disparu, à part les poils de chats et de chiens, et il ne reste plus que 2 moisissures contre 20 avant. Ces freins rendent le diagnostic plus compliqué.