Une maladie de l'environnement ?


Les allergènes respiratoires font partie du milieu dans lequel nous vivons

et sont indissociables du réchauffement climatique et de la pollution,

avec d'importantes conséquences sur les personnes allergiques.

Si le nombre d'allergiques a été multiplié par dix en moins de 50 ans, c'est aussi parce que notre environnement et notre mode de vie ont changé. Le réchauffement climatique, la pollution intérieure et extérieure favorisent en effet la multiplication et la diffusion des allergènes tout en fragilisant notre système respiratoire. Ces éléments conjugués favorisent l'apparition de nouvelles allergies et l'exacerbation des symptômes.

 

Des plantes plus allergisantes

Avec le réchauffement de la planète, la période de pollinisation est plus longue, les pollens plus nombreux, plus variés et plus allergisants. L'une des premières conséquences du réchauffement climatique est en effet l'allongement de la saison de pollinisation qui commence plus tôt et se prolonge maintenant sur 4 ou 5 mois. Sous l'effet de la hausse des températures également, certaines plantes qui poussaient auparavant sous d'autres latitudes se retrouvent désormais dans l'Hexagone.

C'est le cas de l'ambroisie, originaire d'Amérique du Nord, qui pousse désormais en Auvergne-Rhône-Alpes et en Bourgogne.

Plante la plus allergène connue à ce jour, elle est aussi très envahissante et fait des ravages. Dans la région lyonnaise, les concentrations en pollens d'ambroisie peuvent ainsi dépasser 750 grains/m3/jour pour les zones les plus infestées, alors que l'on estime que les réactions allergiques peuvent apparaître à partir de 10 grains/m3. Et ce n'est pas fini ! Le changement de climat va avoir un impact sur l'expansion de l'ambroisie. D'après des études prospectives, d'ici 2050 la concentration en pollen d'ambroisie sera multipliée par quatre, en raison du réchauffement des températures et du taux de l'augmentation du taux de CO2 dans l'atmosphère, mais aussi du développement de la plante elle-même qui prolifère. L'augmentation de la température allonge la période de développement de l'ambroisie et favorise sa progression vers le Nord, à tel point qu'on peut imaginer qu'elle sera en région parisienne en 2050. Au-delà, le réchauffement de la planète sera si important qu'il devrait provoquer des sécheresses et freiner l'expansion de l'ambroisie. Mais d'autres plantes plus méditerranéennes (cyprès, oliviers, graminées) se développeront peut-être dans toutes les régions françaises...

 

Des pollens plus agressifs

Il y a une synergie entre l'augmentation des particules diesel et l'augmentation de l'anticorps de l'allergie IgE vis-à-vis des pollens. L' augmentation du CO2 dans l'atmosphère stimule la production de pollen par les plantes, aggravant les symptômes des personnes souffrant de rhinite ou d'asthme allergiques. Avec la pollution (oxyde d'azote, ozone, particules, ... la plante produit plus de pollens. La pollution endommage l'enveloppe des pollens, qui laissent alors échapper leurs protéines allergisantes dans l'air. De plus, la pollution irrite les muqueuses qui normalement filtrent les allergènes et toutes les substances inhalées, elle fragilise les barrières épithéliales (muqueuses du nez, des yeux, peau, ...), ce qui permet aux allergènes, produits chimiques, moisissures de pénétrer plus facilement jusqu'aux bronches.

Du coup, les gens sont plus sensibles avec de moindre quantités de pollens. Principales responsables : les particules fines émises par la combustion des appareils de chauffage, le transport routier (diesel et essence). Jusqu'à 800 fois plus petites qu'un cheveu, ces particules favoriseraient les allergies aux pollens en abaissant le seuil de réactivité bronchique et/ou en accentuant l'irritation des muqueuses nasales ou oculaires chez les sujets sensibilisés. Une étude réalisée dans la capitale a d'ailleurs démontré que chaque épisode de  pollution aux particules fines entraîne une augmentation significative des consultations aux urgences pour exacerbation d'asthme.

 

La pollution irrite les muqueuses qui,

normalement, filtrent les allergènes.

 

 

Surenchère de produits toxiques

Dans nos maisons, si une meilleure isolation thermique et la pose de fenêtre à double vitrage ont permis des économies, elles ont l'inconvénient de rendre les bâtiments plus hermétiques (si l'aération et la ventilation ne sont pas très efficaces) et donc plus propices au développement des acariens et moisissures qui apprécient particulièrement la chaleur et l'humidité. Nous sommes aussi de plus en plus en contact avec un nombre croissant de produits chimiques contenues dans les matériaux de construction ou de décoration, le mobilier, les cosmétiques, les détergents, ... (solvants, vernis, peintures et autres COV, ...) qui s'évaporent dans l'air à température ambiante. Ces substances peuvent affecter la santé si l'on y est exposé durablement, car elles altèrent nos barrières épithéliales et les rendent plus perméables aux allergènes.