Détox : l'hygiène de vie mieux que les produits marketing

La "détox" est souvent qualifiée de pure invention marketing. S'il est vrai que ce terme permet à divers arguments de vente de fleurir, le processus de détoxification regroupe un ensemble bien réel d'actions menées par le corps, qui est naturellement compétent pour se dépolluer. Néanmoins, notre environnement moderne éprouve ses limites biologiques et l'hygiène de vie reste encore la meilleure des détox.


La détoxification est un ensemble de réactions de l'organisme portant sur certaines substances, visant à neutraliser leur et à les éliminer. Elle désigne une fonction corporelle, c'est à dire qu'elle se réalise naturellement, ce qui suscite une polémique quant au fait de conseiller un régime spécial ou de vendre des produits dits détox. Les arguments qui justifient ces pratiques sont tantôt de pointer du doigt un mode de vie qui "encrasse" l'organisme, tantôt les carences nutritionnelles qui limitent ces capacités, ou encore d'évoquer les polluants que le corps n'arriverait pas à éliminer.


Détoxification, détoxication, désintoxication...

Plusieurs termes existent pour décrire des actions d'épuration. La désintoxication est plutôt spécifique à une substance : dans le cas d'un empoisonnement ou d'une d'une addiction, elle consiste en son élimination de l'organisme. La détoxication est l'inactivation des substances toxiques ; et la détoxification est l'ensemble des opérations physico-chimiques et métaboliques par lesquelles un produit perd sa toxicité.


Comment le corps se dépollue ?

Le processus de détoxification peut se produire dans chaque cellule du corps. C'est un travail qui se coordonne entre plusieurs organes et se réalise en plusieurs phases, mettant en action des "transporteurs membranaires" et des enzymes spécifiques. L'activité de détoxification est plus conséquente aux endroits dans lesquels ces enzymes sont concentrées, comme c'est le cas dans les cellules due foie. Cet organe est le plus considéré dans la détoxification, mais le rôle des reins et des intestins est primordial. La peau et les poumons sont aussi des voies d'élimination significatives. On appelle aussi ces organes d'élimination des émonctoires.


De quoi le corps doit-il se dépolluer ?

Toutes les molécules pouvant porter atteinte à l'intégrité des cellules doivent être neutralisées et éliminées :

  • Celles provenant de l'environnement (donc "exogènes") : biopesticides des végétaux, polluants de l'air et de l'eau, métaux lourds, nanoparticules, oxyde de graphène, pesticides, gaz de combustion, agents conservateurs, colorants alimentaire et exhausteurs de goût, molécules chimiques provenant de la polymédication, l'anesthésie, la chimiothérapie, ...
  • Celles produites par l'organisme lui-même ("endogènes"), et devant être éliminées après avoir joué leur rôle : déchets métaboliques (urée, acide urique, acide lactique, ...), excès d'acides, amines et autres molécules issues des fermento-putrescences du colon, métabolites hormonaux, ...

Le marketing de la "détox"

L'hygiène de vie est la première garante d'une bonne détoxification, et entreprendre une fois l'an une "cure détox" en pensant pouvoir supporter tous types d'excès le reste du temps est malheureusement largement inefficace, sinon délétère. C'est avant tout en cela que la communication de la détox est trompeuse. Elle laisse croire au consommateur que sa solution "miracle" le préserve : cela répond au besoin du moindre effort. Alors qui n'aurait pas envie d'essayer ? D'autant plus qu'au pire, "ça ne peut pas faire de mal"... Je vous laisse en juger.

 

Outre le manque de traçabilité des substances drainantes de nombreux produits (mode de culture, de récolte, de transformation, etc.), leur usage peut induire des risques inflammatoires si l'hygiène de vie n'est pas prioritairement questionnée. Le "composé phare" a bonne pub, parfois sans respect du totum (la globalité d'une plante en phytothérapie) ni à un un dosage judicieux. Et quand bien même... Certes, tous les produits ne se valent pas, et il faut reconnaître les efforts de certains laboratoires, mais le coeur de la détoxification se trouve dans l'alimentation, et le reste s'observe toujours de manière individuelle. L'aspect positif de certains produits estampillés "détox" est qu'ils suscitent la curiosité et rappellent que les ressources pour l'être humain se trouvent dans le monde naturel.


L'importance de l'hygiène de vie dans la détox

  • Régime détox, oui mais lesquels ?

Les régimes détox proposés sont souvent privatoires. Pourquoi pas si les aliments évités sont ceux de la malbouffe, bien que cela ne devrait pas seulement s'inscrire dans le cadre d'un "régime". Les aliments animaux y sont souvent jugés "encrassants" pour l'organisme (une association d'idées plutôt néfaste), alors que la grande majorité des nutriments nécessaires (ou leurs précurseurs) aux enzymes détoxifiantes et à l'intégrité de la muqueuse intestinale se trouvent en quantité satisfaisante et facilement utilisable dans ces aliments. En revanche, les modes d'élevage sont déterminants quant à la présence des nutriments et des toxiques. Pareillement, le zèle de ce régime du "manger sain" occasionne des excès de fibres devenant irritants, selon les sensibilité, et peut finalement déséquilibrer l'écosystème intestinal.

  • Eviter la "malbouffe"

Le raffinage, les aliments ultra-transformés, les graisses trans, excès de sucres et d'amidons, les additifs alimentaires en tous genres, etc. sollicitent particulièrement les fonctions détoxicantes, tout en les privant de leurs besoins. La malbouffe perturbe l'équilibre du microbiote et renforce le stress oxydatif, l'inflammation, la réabsorption de toxiques, l'endotoxémie, les défauts de méthylation, ...

  • Recommandations de santé environnementale

La médecine évolutionniste propose, pour réduire les discordances ou inadéquations évolutionnistes, de nous rapprocher des modes de vie qui, au fil de quelques millénaires, ont façonné nos systèmes nos systèmes homéostasiques :

  • adopter une alimentation ancestrale ;
  • diminuer l'exposition aux produits chimiques ;
  • trouver un rythme éveil/sommeil proche de l'alternance jour/nuit ;
  • avoir une activité physique de faible intensité chaque jour, une grande variété de mouvements ;
  • passer un temps conséquent en extérieur, dans la nature, et limiter le temps dans les environnements confinés, en intérieur ;
  • s'exposer intelligemment au soleil ;
  • éviter d'aseptiser son environnement ;
  • privilégier un environnement où la nourriture est peu visible (tout comme la publicité et les écrans ou lumières artificielles), ....
  • Autres aspects fonctionnels à considérer

Stress répétés, mauvais sommeil, sédentarité, émotions mal gérées, ..., perturbent la physiologie de sorte que les fonctions détoxifiantes ne sont pas toujours priorisées. Le système neurovégétatif (adaptation au stress, microcirculation et priorité de perfusion aux muscles et cerveau) et des aspects biomécaniques (respiration, abdomen comprimé par un diaphragme peu flexible) malmène la physiologie. Apprenons à considérer l'ensemble de ces éléments dans notre démarche détox.

  • L'importance de l'acide chlorhydrique (Hcl)

Cette sécrétion dans l'estomac pour dégrader les protéines déclenche aussi les hormones à l'origine des sécrétions pour la digestion des autres macronutriments. Lorsqu'elle est insuffisante, cela est source de mauvaise digestion (inflammation, défauts d'assimilation). Le facteur intrinsèque qui permet le transport des vitamines B9 et B12 (hautement requise dans la phase de détoxification) est aussi fonction de la sécrétion d'Hcl. Elle est stimulée par le besoin relatif à la digestion : la présence de protéines, et plus conséquente pour celles d'origine animale (facilement détectables). Le zinc contribue aussi à sa production. L'eau de mer microfiltrée est un bon moyen d'apporter des cofacteurs et de la stimuler.


La détox, c'est avant tout équilibre et régularité

Malgré les suspicions autour des réelles capacités de nos organismes à se détoxifier par eux-mêmes, l'essentiel est dans des apports équilibrés et constants. Aucune stratégie ne peut promettre efficacement et durablement d'améliorer la détoxification de l'organisme sans d'abord apporter tous les éléments nutritionnels pour rétablir la physiologie. L'alimentation qui est la meilleure amie de la "détox", doit apporter ce qui est nécessaire, encourager un bon équilibre intestinal (contenant ET contenu), sans pour autant être excessive. On trouve toute une cacophonie de sons de cloches autour des "aliments santé", contentons-nous d'orienter vers ce qui a permis à nos organismes de se fabriquer un tel système de détoxication à travers les millénaires : l'alimentation ancestrale. Elle présente des intérêts fonctionnels (notamment au niveau de l'écosystème intestinal, par l'équilibre sécrétoire dans l'estomac qui détermine grandement la qualité du reste de la digestion), apporte les macro et micronutriments (biodisponibilité optimisée) à des dosages physiologiques c'est à dire qui respectent les capacités du corps.


Aurélie Brunet, Naturopathe-Nutritionniste à Aix-les-Bains,

Le 9 mai 2023