Longtemps, les médecins ont été déroutés par les diverses manifestations du syndrome de l'intestin irritable (SII), au point de le considérer comme une maladie psychosomatique. Des maux de ventre très douloureux, des ballonnements et brûlures, des diarrhées ou constipations, voire les deux, ... qui s'accompagnent parfois de symptômes extra-digestifs tels que maux de tête, eczéma ou grande fatigue. Le SII ou colopathie fonctionnelle perturbe le fonctionnement de l'intestin grêle et du côlon, mais ne génère pas de lésions visibles, à la différence des maladies chroniques inflammatoires de type Crohn. Officiellement, le SII est validé lorsqu'on souffre de douleurs abdominales au moins une fois par semaine depuis six mois, avec un soulagement lorsqu'on défèque. Et si les selles sont plu fréquentes ou changent d'aspect (constipation ou diarrhée). On note généralement qu'un tiers des cas de syndrome d'intestin irritable surviennent après des gastro-entérites qui ont affaibli un terrain déjà fragile.
Les patients colopathes ont en général une dysbiose, c'est-à-dire un déséquilibre du microbiote marqué par la prolifération des bactéries Ruminococcus. En général, on vérifie toujours s'il n' y a pas un début de maladie inflammatoire de type Crohn ou RCH (Recto colite hémorragique). On recherche également d'autres causes comme la candidose ou des intolérances alimentaires voire une maladie cœliaque ou une intolérance au lactose qui génèrent un peu près le même type de symptômes. L'intolérance totale au gluten ou maladie auto-immune cœliaque s'avère de fait assez rare, à peine 700 000 cas en France. On la dépiste par une recherche d'anticorps spécifiques (antitransglutaminase et antigliadine), puis une biopsie intestinale. Pour la soigner, il faut bannir à vie toute source de gluten : seigle, avoine, orge, blé et tous ses dérivés, soja, aliments panés et ultra-transformés. Si on fait un écart ou qu'on en mange par mégarde, il est conseillé de prendre un complément alimentaire à base de prolyloligopeptidase, car cette enzyme va aider les intestins à digérer le gluten. Un moyen d'aider aussi les nombreuses personnes sensibles au gluten sans pour autant être cœliaques.
L'autre intolérance très fréquente concerne le lactose présent dans les laitages et ses dérivés, les pâtisseries, charcuteries, plats préparés, conserves, médicaments, ... Si l'on pense y être sujet, on fait le test de boire un demi-litre de lait à jeun pour voir si les troubles surviennent dans les heures qui suivent. Il existe aussi un test respiratoire en laboratoire pour analyser son taux de fermentation liée au lactose. Si le lactose n'est pas digéré, là aussi on doit le supprimer de l'alimentation. Mais souvent, l'hypersensibilité digestive est plus subtile et nécessite d'identifier concrètement quels aliments agressent l'intestin jusqu'à le rendre poreux, ouvrant la porte à l'inflammation. Pour cela, on recommande une diète d'un mois (coir ci-dessous) visant à réduire fortement les FODMAPs (oligosaccharides, disaccharides, monosaccharides et polyols fermentables par la flore intestinale). Ce type de glucides produit des gaz intestinaux en excès chez les sujets colopathes ou intolérants. A savoir, on peut être sensible temporairement au gluten et au lactose, mais les réintégrer à petites doses aux repas pour éviter les carences et diversifier la flore intestinale.
Il est également nécessaire de réparer la muqueuse intestinale abîmée par les attaques inflammatoires. Un suivi médical est fortement recommandé pour établir un traitement pertinent. En phytothérapie, on agit de manière plus large grâce à des plantes calmantes et antispasmodiques pour apaiser le système nerveux entérique qui intervient dans la gestion de la douleur. On préconise généralement l'usage de la mélisse aux remarquables propriétés anti-inflammatoires, associée à la fumeterre et au pissenlit pour soulager la colopathie avec transit normal ou un peu ralenti (voir encadré ci-dessous). Si on souffre de diarrhée, on privilégie une synergie avec de la réglisse anti-infectieuse (voir encadré ci-dessous), que l'on peut remplacer par du sureau en cas d'hypertension. Très utile aussi, l'huile essentielle de menthe poivrée a démontré lors d'une dizaine d'essais d'essais cliniques son efficacité contre la douleur et les symptômes généraux du SII. On peut en prendre par voie orale une à trois goutte sur un support, deux à trois fois par jour, ou l'utiliser en massage local. Contre les ballonnements, l'ortie donne d'excellents résultats, et le CBD en infusion ou huile sublinguale calme la douleur intestinale. L'aubépine apaise le stress du système nerveux central, un facteur important du SII. D'où la nécessité de rééquilibrer notre "deuxième cerveau", en agissant sur la flore affectée avec des probiotiques. On préconise de ne pas hésiter à changer de formule de probiotiques si les symptômes ne s'améliorent pas. Enfin, les malades trouveront des ressources utiles pour gérer et leur douleur grâce à l'hypnose, la sophrologie, le yoga ou la méditation.
Grâce au régime sans Fodmaps, vous allez pouvoir détecter les aliments qui génèrent chez vous des fermentations excessives. Voici le protocole.
Face aux ballonnements et flatulences, fléaux des maladies intestinales, voici deux solutions naturelles.
Une synergie de poudre de feuille d'ortie et de chlorophylles magnésienne (issue de la luzerne). L'ortie est désinfectantes et équilibrante pour la flore intestinale et ses mucilages régulent le transit. La chlorophylle oxygène le microbiote et fait le ménage dans les levures et bactéries qui le peuplent. A prendre sous forme de gélules concentrées en principes actifs (400 mg pour chaque plante), à distance des repas et d'autres médications.
Le charbon végétal, obtenu à partir de la calcination de bois ou de coques de noix, possède un fort pouvoir absorbant des gaz intestinaux. Il contribue à limiter les ballonnements et à améliorer le confort digestif. A prendre en cure de 1 à 2 semaines, au cours d'un repas et à 2 heures de la prise de médicaments.
Si on souffre du syndrome de l'intestin irritable avec un transit normal ou un peu ralentit. Je vous propose de recourir aux propriétés apaisantes et antispasmodique de la mélisse. On ajoute de la fumeterre pour faciliter les sécrétions digestives et le transit et du pissenlit, riche en inuline à effet prébiotique, bénéfique sur les ballonnements.
A faire préparer en pharmacie : pour un flacon de 150 ml, mélanger à arts égales des extraits de plantes standardisés de mélisse, fumeterre et pissenlit.
Utilisation : prendre 5 ml de la préparation diluée dans un grand verre d'eau, 2 à 3 fois par jour durant 2 semaines. A renouveler en fonction des symptômes.
Pour calmer et espacer les crises de diarrhées si tel est le cas, je conseille un traitement de fond à base de trois plantes : du curcuma pour ses propriétés anti-inflammatoires, du noyer comme antiseptique et puissant antidiarrhéique, tout comme la réglisse, qui va elle aussi restaurer la muqueuse intestinale.
A faire préparer en pharmacie : pour un flacon de 150 ml : mélanger à parts égales des extraits de plantes standardisés de curcuma, réglisse, et noyer. En cas d'hypertension remplacer la réglisse par du sureau.
Utilisation : prendre 5 ml du mélange dilué dans un verre d'eau, 2 fois par jour durant 1 mois en traitement d'entretien.
En période de poussée vous pouvez doubler la dose après avis médical.
Les huiles essentielles de menthe poivrée et de lavande vraie sont de bonnes alliées en massage local d'un ventre douloureux, dans le cas du syndrome de l'intestin irritable. Les vertus analgésiques et toniques digestives du menthol sont connus, ainsi que l'action spasmolytique et sédative de la lavande.
Préparation : pour un flacon de 60 ml : verser 6 ml d'HE de menthe poivrée et 6 ml de lavande vraie. Compléter par de l'huile végétale de macadamia.
Utilisation : Appliquer en massage du ventre, dans le sens contraire des aiguilles d'une montre, chaque fois que nécessaire.
Notre alimentation joue un rôle considérable dans la prévention du cancer colorectal, l'un des plus fréquents et meurtriers. Ainsi, les additifs de type nitrites et nitrates, utilisés dans la charcuterie et la viande industrielles, augmentent le risque de ce type de cancer. Une étude américaine fait aussi le lien entre cette maladie et la consommation de produits ultra-transformés à base de viandes, volailles et fruits de mer ainsi que de sodas. On veillera donc à diversifier son alimentation avec des produits frais, bio si possible : beaucoup de légumes, fruits, céréales et et protéines, du poisson et protéines, du poisson et de la viande blanche de préférence. On limitera le bœuf (de très bonne qualité à deux fois par semaine.
Aurélie Brunet, Naturopathe-Nutritionniste à Aix-les-Bains (73),
Le 12 Avril 2023