Revoir sa façon de manger pour éviter les troubles digestifs

L’excès d’acidité gastrique et le reflux gastro-œsophagien doivent beaucoup à l’alimentation : nature des aliments, mauvaises associations (protéine=viande, poisson, œuf + amidon = féculents/céréales), le volume trop conséquent des repas et la non-observation d’une période de repos postprandial (c’est-à-dire sans manger) d’au moins quatre heures et demie à cinq heures. Car la digestion est un cycle qui devrait idéalement aller jusqu’à ce que, épuisé, il en soit réduit à tourner au ralenti. Cette sollicitation permanente a des répercussions négatives sur la santé.


Laisser le temps au moteur migrant

Le grignotage est une véritable maladie de civilisation qui empêche le tube digestif de s’auto-nettoyer grâce au complexe moteur migrant (CMM), une série d’ondes contractiles motrices partant de l’estomac vers l’intestin en fin de digestion, et qui aurait pour mission d’assurer la vidange complète de l’estomac. Problème : le CMM ne se déclenche qu’en phase inter digestive, et se trouve interrompu dès qu’il y a une prise alimentaire. Il serait initié par l’hypoglycémie postprandiale via la motiline, une hormone intestinale. Son absence semble liée à la gastroparésie, à l’obstruction intestinale et au SIBO (pullulation bactérienne dans l’intestin grêle). Mesurer la motilité du tractus gastro-intestinal pourrait fournir des indications utiles pour le diagnostic des troubles gastro-intestinaux.


Connaître son métabolisme

Pour savoir ce que l’on peut manger tout en ménageant son estomac, il faut prendre en compte le métabolisme digestif de façon individuelle, car chaque personne digère différemment ce qu’elle mange. Une tomate, un steak, un fruit ou les matières grasses n’ont pas les mêmes incidences d’un estomac à l’autre. C’est donc à chacun d’identifier « ce qui ne passe pas », en simplifiant au maximum les repas, afin d’éliminer point par point ce qui incommode son estomac.

 

Certaines catégories d’aliments et de boissons font tout de même consensus : les boissons sucrées et acides ainsi que l'alcool ont tendance à aggraver le reflux gastrique-oesophagien, comme l'ont démontré plusieurs études. C'est aussi le cas des matières grasses, telles les fritures ou les assaisonnements de crudités, car elles mobilisent davantage de sécrétions biliaires et d'enzymes pour être digérées. Les protéines font l'objet de résultats fluctuants et contradictoires, mais il semble que les viandes blanches causent moins de tort que la viande rouge.

 

Concernant, les hydrates de carbone, la recherche a observé une augmentation des symptômes de RGO et d'inconfort digestif par l'ingestion de sucres simples (les oses, c'est à dire le glucose et le fructose), de farines et d'amidons.  A l'inverse, les fibres atténuent ces inconforts à la matière des antiacides. Une étude albanaise a d'ailleurs comparé l'incidence du régime méditérranéen sur le RGO avec les théeaoies médicamenteuses classiques, et il s'est avéré que les deux se valaient.


L'hydratation est capitale

La médecine traditionnelle chinoise insiste sur le caractère humide de l'estomac, en tant que siège de la sécrétion de liquides organiques, tels les sucs gastriques, mais aussi pour produire le mucus protecteur dont est enduite la muqueuse la muqueuse interne de l'estomac et qui compense le "feu digestif" nécessaire à une bonne dégradation des aliments. Il faut aussi que le chyme (résultat du travail de l'estomac sur le bol alimentaire) soit suffisamment humide pour circuler sans entrave tout au long de la suite du tube digestif et que puissent y être extraits de façon optimale optimale les différents nutriments. L'hydratation est donc essentielle. Préférez une eau peu minéralisée et buvez-la tiède. Limitez-vous à un verre lors des repas, et buvez plus en dehors.


Simplifier ses repas

La recherche ne dégage pas de ligne de conduite ferme en termes de comportements alimentaires pour lutter contre les problèmes gastriques. Sauf sur ce pont : manger tard et se coucher trop vite après le dîner favorise clairement le reflux gastro-œsophagien. Certains conseillent de fractionner les prises alimentaires en cinq ou six petits repas légers plutôt que deux ou trois repas consistants. Cette stratégie peut aider à réduire la quantité journalière de nourriture absorbée sans ressentir de fringale, et donc encourager la perte de poids. Dans cette optique, il a également été observé que dormir avec le lit légèrement incliné, tête vers le haut, ou le buste légèrement surélevé, améliorait les problèmes digestifs nocturnes. 

En termes de volumes et de calories, des repas copieux et riches sont associés à une augmentation des attaques acides de l'œsophage dues au reflux provenant de l'estomac. Il convient donc de réduire les volumes, et de simplifier ses plats avec des associations binaires (une source de protéines facile à digérer et une source combinant hydrates de carbones et fibres - des légumes !) pour que le tout passe sans encombre.


Une source de protéine par repas

Certains aliments pris dans un même repas entraînent des complications digestives. C'est surtout le cas du mélange de protéines avec l'amidon, le farineux, car les protéines se digèrent lentement dans un milieu hyperacide alors que l'amidon est digéré rapidement en milieu alcalin. Par exemples : le steak frites et les spaghettis bolognaise. Complétez avec une salade assaisonnée (bonne conscience), de l'eau gazeuse (ça fait passer) et un dessert (on ne vit qu'une fois) et vous aurez le tableau de ce qu'il faut éviter. L'idéal est de se limiter à une source de protéines par repas, associée à un ou deux légumes cuits à la vapeur douce, en agrémentant d'herbes aromatiques plutôt que d'épices. Commencez par la protéine et passez le dessert, même si c'est un fruit. Gardez-le pour le courant de la journée.