L'estomac : fragilisé par le stress et l'âge



Ne dit-on pas d'un évènement contrariant qu'il "faut du temps pour le digérer"? Nous sommes nombreux à avoir expérimenté l'effet instantané d'un stress émotionnel fort (une grosse frayeur, une mauvaise surprise, ...) sur notre estomac. Mais le stress chronique aussi affecte l'estomac. Une étude norvégienne de 2009 a constaté, en observant plus de 40 000 patients, que les personnes sujettes à un stress au travail avaient un un risque de reflux gastro-œsophagien (RGO) supérieur. Celles qui se disaient peu satisfaites de leur poste présentaient même une probabilité double de développer un RGO par rapport à celles se déclarant très satisfaites dans leur travail.

 

Une recherche coréenne auprès de 1 217 pompiers abonde dans le même sens ; ceux souffrant de RGO sont aussi sujets à davantage d'anxiété et de symptômes dépressifs, et plus sensibles au stress professionnel. Une autre étude ayant pointé le manque d'estime de soi comme facteur aggravant du RGO, il n'est pas dénué de sens d'apprendre à dire non à des sollicitations qui nous déplaisent ou qui ne sont pas prioritaires sur notre échelle de valeur. Pour les auteurs, il est opportun d'associer les deux approches, médicale et psychologique pour augmenter les chances de normaliser le RGO.

 

Certaines recherches se sont attachées à vérifier si le stress augmentait réellement l'acidité gastrique, ou si tout cela "n'était pas seulement dans la tête". Les études n'ont en effet, pas montré une augmentation mesurable de l'acidité gastrique. Mais le stress, associé à l'épuisement, induit d'autres changements corporels, comme un effondrement de la production de prostaglandines, qui normalement protègent l'estomac des effets de l'acidité. Ce serait en réalité la sensibilité à l'acidité gastrique qui serait accentuée.

 

A noter que des anti-inflammatoires courants comme l'ibuprofène ou le naproxène bloquent, eux aussi, la production des prostaglandines occasionnant fréquemment des problèmes d'estomac comme les nausées et les ulcères.


Digérer ses émotions

Symboliquement, l'estomac est lié à notre acceptation du monde extérieur et à notre capacité à nous y adapter.  Il déstructure les aliments, mais aussi les évènements de la vie pour que nous puissions les intégrer et nous en nourrir en vue de notre propre construction et de notre équilibre. Un ulcère manifesterait une souffrance à ce niveau. L'insécurité, qu'elle soit matérielle ou affective, se répercute volontiers sur l'estomac.

Soumission forcée, sentiment d'injustice et d'agressivité dirigée à notre encontre exacerbent le feu digestif de l'estomac (concept cher à la médecine traditionnelle chinoise) car ils sont difficiles à accepter, donc à digérer, allant contre l'énergie descendante que la médecine traditionnelle chinoise attribue à l'estomac. Réciproquement, exécrer quelque chose provoque également des aigreurs. 


L'affaiblissement après 65 ans

L'estomac - comme tous les organes - n'échappe pas aux vicissitudes de l'âge : ainsi, le tonus, et donc le tractus de l'œsophage, de l'estomac et du sphincter oesophagien inférieur s'affaiblissent, particulièrement après 65 ans. Peuvent s'ajouter des problèmes neuronaux, également courants au-delà de cet âge, qui affectent l'innervation aux commandes de l'estomac. Enfin, la muqueuse interne qui le recouvre s'amincit avec la vieillesse, abaissant du même coup les niveaux de production du mucus protecteur, d'acide chlorhydrique et d'enzymes digestives. La composition des repas, en particulier les associations d'aliments, est donc encore plus sensible quand on rejoint les rangs des seniors.


De l'exercice, encore et toujours

L'exercice physique améliore les problèmes d'estomac en favorisant la tonicité des muscles (ceux du sphincter oesophagien, des muscles lisses de l'estomac et du diaphragme) et en produisant naturellement des hormones du bien-être comme les endorphines et la dopamine. Une pratique régulière induira également une perte de poids qui contribuera à réduire la pression au niveau de l'abdomen, donc les remontées vers l'œsophage.


Hernie hiatale : fatalité ?

La hernie hiatale concerne 70% des personnes de plus de 70 ans. Elle consiste en l'ascension d'une partie de l'estomac dans le thorax à travers le hiatus oesophagien du diaphragme, orifice qui laisse le passage à l'aorte et à l'œsophage entre la cage thoracique et la cavité abdominale. La hernie hiatale survient par glissement, lorsque les amarrages ligamentaires de l'estomac se relâchent, à cause d'une surcharge pondérale, d'une perte de tonicité musculaire liée à l'âge et (ou) d'une mauvaise posture. Si la chirurgie est nécessaire pour les grosses hernies, les modérées peuvent se traiter par l'ostéopathie. Muscler sa ceinture abdominale et contenir son volume abdominal son une bonne prévention.