Estomac : Ne pas se contenter d'un pansement gastrique


Aux prémices du reflux gastro-œsophagien (RGO), des mesures d'hygiène de vie sont souvent suffisantes pour normaliser les choses : éviter les repas copieux en réduisant en particulier les graisses, l'alcool et les sucres en fin de repas, laisser passer au moins deux à trois heures avant d'aller se coucher et pratiquer régulièrement de l'exercice sont des mesures qui permettront de perdre un peu de poids, de faire dégonfler le ventre et éventuellement d'atténuer les symptômes inflammatoires.

 

Mais, par ignorance ou par convenance, de nombreuses personnes souffrant de RGO et d'autres troubles de l'estomac préfèrent pourtant s'en remettre aux seuls médicaments.

Ceux-ci se répartissent en trois familles :

  • Les pansements gastriques tapissent les muqueuses œsophagienne et stomacale pour limiter l'inflammation. Ils soulagent rapidement, mais leur durée d'action est courte et ils interfèrent avec l'absorption de médicaments.
  • Les prokinétiques, ou modificateurs de la motricité, améliorent la chasse par l'œsophage de son contenu vers l'estomac et visent les cas particuliers des reflux associés à des nausées et à une digestion ralentie. Certains ayant provoqué des troubles du rythme cardiaque, ils sont moins utilisés depuis l'arrivée des inhibiteurs de pompe à protons (IPP).
  • Les antisécrétoires sont les plus efficients et les plus utilisés. Les anti-H2, autrefois seuls sur le marché, ont depuis passé le relais aux IPP, aujourd'hui ultra-dominants. Les IPP bloquent quasi complètement la sécrétion d'acide de l'estomac pendant au moins dix huit heures. Le soulagement est immédiat, l'utilisation peu contraignante et sans effet secondaire. Du moins, au début... L'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a réalisé une étude sur la base des données de santé de l'année 2015 pour évaluer l'utilisation des IPP, qui coûtent chaque année 423 millions d'euros en remboursements.

Les résultats montrent que presque le quart de la population française, soit 16 millions de personnes, a bénéficié d'au moins un remboursement par l'Assurance maladie pour une délivrance d'IPP sur prescription médicale. Pour 8 millions d'entre elles, il s'agissait d'une association préventive dans le cadre d'un autre traitement : par anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) dans plus de la moitié des cas.

 

Cependant, l'ANSM relève que dans 80% des cas, aucun facteur de risque justifiant l'utilisation systématique d'un IPP en association avec un AINS n'était identifié. Pour rappel, ces facteurs sont, sur la base des recommandations officielles :

  • Etre âgé de plus de 65 ans.
  • Avoir un antécédent familial d'ulcère gastrique ou du duodénal.
  • Etre traité par antiagrégant plaquettaire, anticoagulant ou corticoïde.

Le piège des inhibiteurs de pompes à protons (ipp)

Le soulagement procuré par les IPP est rapide et réel, mais assorti d'un effet rebond (retour des symptômes) quasi constant lorsque le traitement est interrompu. Les patients s'engagent donc dans une demande de prescription perpétuellement renouvelée, surtout en cas de traitement associé au long cours, et à une consommation d'IPP à long terme.


Des risques avérés

Alors qu'on a longtemps cru les IPP sans risques, il ne se passe plus une semaine sans qu'une étude pointe un nouveau problème lié à leur consommation sur le long terme. Une étude de l'université de Saint-Louis, dans le Missouri et publiée en 2019 rappelle que "les IPP pris trop longtemps (plus de trois mois) sont associés à des évènements indésirables graves, avec un risque accru de mortalité (plus 25%) toutes causes confondues". Parmi ces évènements sont répertoriés des carences d'absorption en vitamines B12 et C, en fer, magnésium et calcium, des troubles de la perméabilité de l'intestin grêle, des risques augmentés de mortalité cardio-vasculaire, de démence chez les patients les plus âgés, de fractures (les ostéoclastes, responsables de la résorption du tissu osseux âgé sont aussi pourvus de pompes à protons), de développer une insuffisance rénale chronique et de cancer de l'estomac.


Identifier les déclencheurs d'acidité

Il n'y a pas de régime universel (fût-il méditerranéen) apte à prévenir tous vos symptômes d'acidité. A vous de mener l'enquête en tenant un journal alimentaire pour identifier vos déclencheurs d'acidité gastrique. Notifiez, sous forme d'un tableau Excel par exemple, la nature de la prise alimentaire, l'heure, le contexte et les symptômes qui ont suivi. Et faites les corrections en conséquence au fur et à mesure, jusqu'à ce que la colonne dédiée aux symptômes soit vide !



Aurélie Brunet, Naturopathe-Nutritionniste à Aix-les-Bains (73),

Le 4 janvier 2023