Perte de poids : pourquoi ça coince ?

La plupart des causes de la pandémie d'obésité sont connues et appellent une prise de conscience. Il ne suffit pas de moins manger, de faire du sport et d'être motivé. Différents facteurs se combinent, face auxquels nous ne sommes pas égaux : métaboliques, hormonaux, circulatoires, immunitaires, psychologiques et génétiques.

 

Afin de sortir des clichés que les médias et même certains médecins ne cessent de ressasser, je vous propose dans cet article de passer en revue différents facteurs qui peuvent rendre particulièrement difficile la perte de poids.


Résistance à l'insuline

C'est l'obstacle biologique le plus encombrant sur le chemin de la perte de poids. Vous pouvez diminuer vos apports alimentaires et faire du sport autant que possible : tant que vous aurez un problème avec l'insuline, vous n'obtiendrez aucun résultat probant. Produite par le pancréas, l'insuline est l'hormone principale du contrôle de la glycémie. Elle est apparue au cours au cours de l'évolution pour nous aider à stocker du glucose. Au-delà d'un certain taux de sucre dans le sang, l'insuline entre en action pour faire entrer ce sucre dans les cellules. Chez les diabétiques, les cellules, devenues insensibles à l'insuline, ne laissent plus entrer le sucre, qui reste alors dans la circulation sanguine.

Plus insidieux, le syndrome métabolique est un état prédiabétique mal diagnostiqué qui touche une part croissante de la population. Apparu il y a quelques décennies, c'est une pure création de l'industrie agro-alimentaire : il s'est développé à mesure que les sucres rapides et les perturbateurs endocriniens devenaient omniprésents dans l'alimentation. On a souvent associé le surpoids à la consommation de graisses, alors que notre surconsommation de sucre est bien plus problématique. Le processus permettant de produire de l'énergie à partir du sucre est plus simple et plus rapide qu'à partir des graisses. Sitôt qu'il y'a suffisamment de sucre dans le sang, le cerveau en est informé et bloque la libération des graisses stockées. Donc, si l'apport alimentaire en sucre est permanent, il y aura aussi un stockage permanent des graisses.

 

En cas d'excès d'insuline, impossible de déstocker. Nous n'avons plus accès à nos réserves de graissemême lorsque nous avons faim ou que nous faisons de l'exercice.


Mauvaise circulation

La gestion du poids est dépendante des mouvements d'eau dans l'organisme. Une mauvaise circulation sanguine favorise la rétention d'eau. La cellulite s'explique par un manque de tonus des capillaires et par leur perméabilité excessive, entraînant une infiltration d'eau dans les tissus. L'acheminement de l'oxygène et des nutriments vers l'hypoderme se réduit, asphyxiant les cellules graisseuses, dont le volume augmente. C'est un cercle vicieux, car l'augmentation du tissu graisseux augmente aussi la pression exercée sur les capillaires, réduisant davantage leur tonus. L'infiltration d'eau additionnée à la poussée des adipocytes sous-cutanés  donne à la peau cet aspect granuleux qu'on appelle couramment peau d'orange.

Chez les femmes, le déséquilibre entre les œstrogènes et la progestérone joue sur l'augmentation de la perméabilité des capillaires. Voilà pourquoi, à la ménopause, cellulite, rétention d'eau et troubles circulatoires se conjuguent. Un phénomène encore plus tenace lorsque la thyroïde est absente ou fonctionne mal.


Troubles hormonaux féminins

Les femmes souffrant de troubles prémenstruels ou qui connaissent une ménopause laborieuse ont souvent un foie encombré et un intestin en mauvais état. On comprend mieux pourquoi lorsqu'on sait que l'intestin est le premier lieu de synthèse des hormones, et le foie, l'organe central de leur recyclage. En cas de déséquilibre du microbiote, le cycle entéro-hépatique est augmenté et entraîne une réabsorption importante des hormones. Des œstrogènes en surnombre et peu fonctionnels se retrouvent dans la circulation.

La régulation de la lipogenèse (synthèse et stockage des graisses) et de la lipolyse (dégradation des graisses) est hormono-dépendante. En excès, les œstrogènes détendent le tissu conjonctif, provoquant une accumulation d'eau et de graisse. Un déséquilibre entre œstrogènes et progestérone empêche la lipolyse. Plus largement, un manque ou un excès d'œstrogènes favorisent une augmentation du tissu adipeux, une insuffisance veineuse, un climat inflammatoire, une baisse de la sensibilité à l'insuline et des troubles de l'humeur poussant au grignotage. Le kit complet pour la prise de poids ! 


Microbiote déséquilibré

Les milliards de bactéries que nous hébergeons dans notre intestin influencent directement la quantité de sucres et de graisses qui vont pouvoir passer dans le sang, puis leur utilisation par nos cellules, ce qu'on appelle le métabolisme. Notre silhouette repose sur un équilibre, somme toute fragile, entre différentes familles de bactéries qui se disputent le confort de nos villosités intestinales. Le premier facteur de bouleversement est la prise répétée d'antibiotiques, qui entraîne la perte d'une partie importante des bonnes bactéries, notamment des lactobacilles. Des bactéries opportunistes ont alors tout loisir de proliférer. Dans l'intestin, c'est un jeu de chaises musicales.

Une dysbiose (mauvaise répartition des familles bactériennes dans l'intestin) peut être responsable d'une récupération de l'énergie trop efficace. Les études permettant d'identifier les bactéries incriminées restent à ce jour contradictoires, mais la transplantation de microbiote donne des résultats sans appel. Des souris, dont l'intestin a été stérilisé au préalable, qui reçoivent le microbiote d'humains obèses deviennent obèses à leur tour, sans changement alimentaire. A l'inverse, lorsqu'on répète l'expérience en leur injectant les bactéries d'humains de taille normale, leurs poids redevient normal.

 

Plusieurs études récentes associent l'obésité à une prolifération d'archéobactéries (micro-organismes unicellulaires dépourvus de noyau), résistantes aux antibiotiques courants. Au-delà d'un certain seuil, les archéobactéries augmentent l'absorption des graisses. L'usage des antibiotiques, très excessif ces dernières décennies, facilite le développement des archéobactéries au détriment du microbiote normal. Le lipopolysaccharide, une endotoxine issue de la paroi de certaines bactéries de la flore sous-dominante, participe au processus de veille immunitaire. Mais en excès, il devient générateur d'une véritable inflammation systémique qui favorise la résistance à l'insuline. On voit ici qu'un simple déséquilibre du microbiote suffit à faire basculer un processus physiologique normal à pathologique.


Additifs et perturbateurs endocriniens

Et si perdre du poids était moins un problème de quantité que de qualité ? Nous comptons les calories, mais pas les additifs, les pesticides ou les perturbateurs endocriniens, pourtant omniprésents. Or, ceux-ci empêchent un métabolisme normal, ce qui au bout du compte fait grossir. Les perturbateurs endocriniens prennent la place des hormones sur les récepteurs cellulaires, activant de fausses informations. Le bisphénol, par exemple, va activer la protéine qui transmet le message oestrogénique. La fonction thyroïdienne est de plus en plus touchée. Une hypothyroïdie, en ralentissant le métabolisme, favorise la prise de poids, mais aussi les troubles de l'humeur qui poussent au grignotage. Selon des travaux publiés récemment dans la revue Nature, les émulsifiants utilisés par l'industrie agroalimentaire pourraient altérer le mucus de la barrière intestinale, conduisant à une perméabilité excessive, à une inflammation systémique et à des changements dans la composition du microbiote. 


La candidose, une dysbiose tenace

Il s'agit de la prolifération d'une levure (Candida albicans) habituellement tolérée dans l'intestin en proportions résiduelles. Une surconsommation de sucre associée à l'abus d'antibiotiques change la donne. La levure envoie au cerveau des signaux qui nous poussent à consommer davantage de sucre. Heureuse de trouver le gîte et le couvert, elle prolifère et se met à investir des espaces qui ne lui sont pas dévolus. Dans les villosités intestinales, elle devient un champignon qui s'organise en biofilm particulièrement tenace. Ce champignon libère 35 toxines identifiées comme ayant un impact sur la santé. Plusieurs d'entre elles, en s'insérant dans le cycle de Krebs, perturbent la production d'énergie dans les mitochondries. Une des conséquences est un métabolisme incomplet des glucides, favorisant la prise de poids et les grignotages compulsifs. Entre la candidose et le diabète, le sucre est devenu l'ennemi public numéro 1. Et ces deux problèmes s'entretiennent mutuellement. La candidose est associée à une élévation chronique de l'insuline. Par ailleurs, les personnes dont la glycémie est mal gérée ont un système immunitaire beaucoup moins efficace contre les microbes opportunistes. Plusieurs études ont montré des améliorations du diabète (type I et II) suite à des traitements antifongiques.


Régimes inadaptés

Beaucoup de contre-vérités circulent au sujet des régimes. Ainsi, consommer à tout prix des produits allégés en graisses n'a aucun sens. Pour qu'une protéine soit bien digérée, elle doit passer suffisamment de temps dans l'estomac et, pour cela, elle doit être accompagnée de graisses. Par ailleurs, le cerveau a besoin de lipides pour assurer la communication nerveuse. Si nous en manquons, nous serons fatigués et plus facilement stressés, avec une chute du taux de sérotonine, ce qui favorise l'attrait pour le sucré et les compulsions alimentaires. Il ne faut pas non plus se priver de protéines. Je pense à ceux qui mange une grande salade à midi en croyant garder la ligne, alors que c'est tout à fait inadapté sur le plan nutritionnel. C'est justement le moment où nous avons besoin de protéines. Un manque va se répercuter en fin de journée avec des envies de sucre importantes. Nous devons comprendre que le cerveau est programmé génétiquement pour faire basculer l'organisme en mode stockage aussitôt qu'il enregistre une restriction trop importante. C'est un héritage que nous avons reçu de nos ancêtres. En un demi-siècle, nous avons basculé dans une société de surabondance, mais l'organisme demeure naturellement adapté à la pénurie et non à l'excès. C'est ainsi qu'aussitôt terminé un régime, vous allez stocker encore plus facilement et reprendre rapidement votre poids. Les régimes qui promettent des résultats spectaculaires forcent l'organisme à fonctionner selon un métabolisme qui ne lui convient pas. Les régimes hyperprotéinés ont fait le plus de dégâts. Les toxines ont une affinité pour les graisses, elles sont donc stockées en nombre dans les cellules graisseuses. Une perte de poids trop rapide et importante entraîne la libération brutale d'une grande quantité de toxines que le foie et le système émonctoriel seront incapables de gérer. On a même vu des gens déclarer une maladie grave suite à un régime trop brutal.

 

D'après l'agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation (ANSES), la plupart des régimes seraient dangereux s'ils sont suivis en dehors de l'accompagnement d'un professionnel. Le plus souvent, les personnes qui se lancent dans un régime n'ont pas identifié leurs principales erreurs alimentaires et, sitôt la fin du régime, elles reprennent leurs mauvaises habitudes. Leur organisme n'a pas reçu le nettoyage préalable à toute démarche de perte de poids. Psychologiquement enfin, bien des gens ne sont pas prêts à un changement rapide de leur silhouette. En cas d'échec, les conséquences sur l'image de soi peuvent être désastreuses.


Surpoids : quelques solutions naturelles

Sédentarité, stress, mauvaise hygiène de vie font le nid de kilos superflus qui engendrent le surpoids tant redouté. Voici quelques solutions naturelles pour vous en débarrasser durablement.

  

L'été est pour certaines personnes, un facteur de stress. En effet, les rondeurs de l'hiver s'installent de façon durable. Le plus souvent, la détox du printemps ne suffit pas à effacer ces rondeurs rebelles. Le détachement et/ou le mépris sont des attitudes possibles, avec le risque de pérenniser cette prise de poids (de masse graisseuse). Mais réagir efficacement et naturellement est une des solutions que je vous propose. Une hygiène de vie déplorable (sédentarité, alcool, tabac, sommeil irrégulier, stress) et une hygiène alimentaire déséquilibrée (régimes incessants, repas sautés, rations trop importantes, repas trop rapides ou horaires décalés) sont les deux causes principales du surpoids.


Alimentation

C'est l'augmentation des glucides dans notre alimentation qui est en partie responsable du surpoids. L'insuline (hormone pancréatique) régule le taux de sucre dans le sang. Sa production est augmentée proportionnellement à la consommation de sucre, elle aussi augmentée. C'est donc l'excès d'insuline qui est responsable de l'obésité, car la personne se sent affamée en permanence, produit et stocke des graisses en excès. Il faut surveiller l'indice glycémique (vitesse à laquelle le sucre passe de l'intestin vers le sang) et la charge glycémique (réponse glycémique après la prise d'un aliment) de vos aliments.

Suivez tout simplement ces quelques conseils : des graisses le matin, des protéines le midi, des céréales le soir...des légumes tout le temps !


Phytothérapie

Les plantes contribuent à réduire la masse graisseuse de l'organisme à condition de venir en complément d'une alimentation équilibrée. Elles sont nombreuses et peuvent se prendre de façon unitaire, mais leur efficacité est accrue si on les associe. Le complexe draineur (pissenlit, orthosiphon, ...) éliminera tous les œdèmes résiduels (ventre et cuisses), alors qu'un complexe pré- et probiotiques assurera une meilleure assimilation au niveau des intestins et réduira  la graisse du ventre. Quant aux accros au sucre, un complexe à base de chrome ou de berbérine les détachera de cette addiction.


Aromathérapie

Choisissez vos huiles essentielles en fonction de l'objectif à atteindre. Celles de basilic et de cannelle seront digestives (3 gouttes par jour pendant 21 jour), alors que celles de livèche (Levisticum officinale) et de céleri (Apium graveolens) seront hépatostimulantes (et donc drainantes). Si vous préférez une action externe, le cyprès (Cupressus sempervirens) et le genévrier (Juniperus communis) associés (3 ml dilués dans 15 ml d'huile végétale) en massage localisé au niveau des reins feront des miracles.


Homéopathie

L'homéopathie est une bonne méthode pour renforcer sa motivation. Thuya Occidentalis et Natrum Muriaticum affineront la taille tandis qu'Antimonium Crudum et Ignatia Amara supprimeront les envies de grignotage. Gelsenium et Arnacardium Orientale calmeront la faim de ceux qui mangent par peur de manquer ou parce qu'ils souffrent de dépression. Tous ces remèdes homéopathiques se prennent en granules (de 5 à 9 CH), à raison de 3 granules trois fois par jour pendant au moins deux mois.


Quelques conseils pour maigrir

Je réagis dès le premier kilo. Je ne culpabilise pas. Je montre ma détermination. J'informe mon entourage proche. Je pratique une activité physique. J'adapte mon alimentation et je ne grignote pas. Je revois ma contraception orale. Je stoppe (ou réduis) les apéritifs et le tabac.


Aurélie Brunet, Naturopathe-Nutritionniste à Aix-les-Bains (73)

Le 16 Août 2023