Si la peau recouvre notre organisme, elle n'est pas seulement une enveloppe. Organe à part entière, sa surface (2m² environ) le sacre plus grand organe du corps. A ce titre, la peau remplit de nombreuses fonctions, dont la synthèse de vitamine D par l'action du soleil dont il est essentiel de connaître les dangers pour apporter à notre organisme ce qu'il offre de meilleur.
Les rayonnements provenant du soleil véhiculent tous une énergie. Des molécules chromophores (ADN, mélanine, vitamine D3...) collectent cette énergie occasionnant soit la libération de radicaux libres, nuisibles pour l'organisme, et contre lesquels la peau possède des systèmes de défense antiradicalaire de deux types.
D'abord, des systèmes enzymatiques globaux du corps comme la catalase, le superoxyde dismutase (SOD), qui utilise du cuivre, du manganèse et du zinc pour se mettre en oeuvre, ou le glutathion peroxydase (GPx), exploitant le sélénium comme cofacteur. Ces systèmes antioxydants connaissent des variations importantes dans leur intensité selon l'hygiène de vie adoptée, qui influence entre autres l'expression de certains gènes contrôlant leur réaction. Il existe aussi les systèmes non enzymatiques, capables de piéger les radicaux libres, tels que les vitamines C et E, les caroténoïdes, la coenzyme Q10, mais aussi l'acide urique dans son rôle antioxydant, le glutathion, etc.
Lorsque les capacités naturelles de photoprotection sont dépassées, l'énergie des rayons ultraviolets génère des radicaux libres non pris en charge qui peuvent induire des dommages à l'ADN, aux protéines et aux lipides, des effets si délétères qu'ils mettent en péril la survie des cellules et compromettent l'ensemble du tissu cutané. Coups de soleil, photodermatoses, dont la lucite estivale, héliodermie (ou photovieillissement), photocarcinogénèse et cancers sont au cœurs des problématiques d'exposition inadaptée au soleil.
Le photovieillissement se traduit par une modification de la structure du derme, de l'épiderme et des jonctions dermo- épidermiques visibles par un épaississement de la peau, une coloration jaunâtre, des rides profondes, une perte d'élasticité, des pores dilatés, une hyper ou hypopigmentation.
Les cancers cutanés ont pour cause principale l'exposition aux rayons UV, qui agissent sur les biomolécules cellulaires de plusieurs manières, tant dans l'initiation que dans la progression du processus tumoral (dommages à l'ADN, apoptose et mutations, oxydations protéiques et lipidiques, photo-immunosuppression, etc...). Il en existe deux types : carcinomes épidermoïdes et basocellulaire (tumeurs malignes des kératinocytes) et mélanomes (tumeurs malignes des mélanocytes). Les premiers sont liés à un excès d'expositions répétées alors que les seconds sont corrélés à des coups de soleil trop intenses souvent avant l'âge de 15 ans. Le phénomène de photo-immunosuppression impliqué dans la progression des tumeurs est ensuite activé pour des doses d'ultraviolets qui ne provoquent pas de coups de soleil, aussi d'ultraviolets qui ne provoquent pas de coups de soleil, aussi est-il important de privilégier tous les moyens de protection même sans observer une sensibilité particulière à l'exposition au soleil.
Aussi appelé érythème actinique, un coup de soleil correspond à une brûlure de l'épiderme et une atteinte du derme. Des messagers d'inflammation issus du derme, les prostaglandines, déclenchent une vasodilatation des capillaires sous-épidermiques, un oedème et la douleur typiques. Les desquamations qui suivent sont le reflet du renouvellement accéléré et prématuré des kératinocytes, en apoptose, signe d'une agression directe aux UV (surtout B). Le coup de soleil nous signale que la limite de protection de la peau est dépassée.
Qu'en est-il de la photodermatose ? Celle-ci est une réaction cutanée anormale, compte tenu du niveau d'exposition en général peu intense, telle que le coup de soleil, eczéma ou urticaire. Elle est induite par une photosensibilité exacerbée à cause de la présence de substances dans la peau (médicaments, cosmétiques, ...) ou d'un déficit enzymatique génétique provoquant un excès de porphyrine. Là aussi.
Si ces conséquences des rayons UV sont le témoignage d'un danger certain, il faut surtout comprendre que la tolérance de l'organisme au soleil est propre à chacun et non mesurable. Lorsque le capital soleil est épuisé, la peau ne peu plus garantir sa fonction barrière efficacement. Cela veut-il dire que le soleil est dangereux et qu'il faudrait totalement éviter de s'y exposer ? Ce n'est pas tant lui, uniment indispensable à la vie, qui présente un danger que les comportements que nous avons, finalement. Attardons-nous quelques lignes sur cette que notion qui mérite d'être éclaircie : le sens que nous mettons dans cette action de "s'exposer" peut être perçu de manières bien différentes.
Il ne s'agit pas d'éviter d'être au soleil, mais plutôt de choisir les moments et la manière d'en profiter. Rappelons que les capacités de réflexion des surfaces nous baignent de toute manière dans les ultraviolets (à l'ombre, sous un parasol...). A l'inverse, une surexposition est à l'évidence à craindre lors des longues après-midi de "bronzette" sur la plage en plein été. Le moment, le lieu, la réflexion, la durée, ...tout dans cette attitude, totalement déconseillée, est assurément une menace. Ces conditions d'exposition méritent déjà chacune une intention d'assister la peau en renforçant sa protection, et de les considérer comme une meilleure couverture et non un "permis de bronzer".
Attention enfin, les enfants sont considérablement plus vulnérables, car leur système de défense contre les agressions des UV n'est pas achevé.
Ces précautions étant prises, rappelons que le soleil est aussi bénéfique !
Le résultat de l'analyse sanguine, pour vérifier le niveau de vitamine D dans l'organisme, est souvent utilisé comme marqueur d'une carence et argument d'une complémentation par voie orale. Signalons que la vitamine D, qui est mesurée dans le sang, est la forme 25-OH D (non active), soit une piste intéressante, mais pas vraiment un indicateur fiable au regard de son importante résidence dans les cellules cutanées. En outre, l'enzyme hépatique qui permet sa transformation est régulée par un gène qui connaît plusieurs polymorphismes. Autrement dit, l'épigénétique décidera, sous l'influence du niveau de méthylation, si la conversion sera plutôt inhibée ou carrément stimulée ! La complémentation "classique" par des doses massives présente alors ses limites et peut, dans certains cas, devenir une condition physiologique permissive pour d'autres pathologies.