Faute de porter en elle l'ensemble des principes actifs que l'on trouve dans les racines, les feuilles, l'écorce ou les fleurs des arbres, la sève peut être considérée comme le "sang de l'arbre". A ce titre elle est un concentré de son énergie.
Malheureusement, il n'existe qu'un seul arbre dont la sève soit exploitée en tant que remède naturel : le bouleau (Betula alba).
Les mois d'hiver fatiguent notre organisme, et l'encrassent. C'est la saison où nous consommons des aliments riches en calories et longs à digérer. Notre activité physique est réduite, la vie au grand air étant souvent limitée à quelques heures au cours du week-end, couverts des pieds à la tête. Autrement dit notre peau respire mal et ne reçoit pas les UV indispensables. Nous ne transpirons pas suffisamment pour favoriser l'élimination, et nous manquons de sels minéraux.
L'approche du printemps est donc le moment précis où l'organisme a besoin de nettoyer et évacuer les toxines accumulées pendant l'hiver. Dans les pays où les hivers sont les plus rudes (Scandinavie, Russie), on pratique couramment une cure de sève de bouleau qui permet à la fois de détoxiner l'organisme et de le reminéraliser.
Celle qu'on appelle aussi l'eau de bouleau, du fait de sa limpidité (qui contraste notamment avec la sève de l'érable, est utilisée depuis longtemps comme dépuratif rénal, cutané et articulaire, de la Finlande à l'Estonie en passant par la Pologne. En effet, elle possède des propriétés diurétiques et antiacides (en particulier sur l'acide urique), favorisant en douceur l'élimination des acides en excès dans le corps, et renforçant une bonne activité rénale. C'est pourquoi elle sera particulièrement bénéfique aux personnes sujettes aux lithiases rénales (les fameux calculs urinaires), car elle permet l'élimination de certains cristaux urinaires (principalement les urates). Ses vertus alcalinisante et antioxydantes sont également utiles pour les sportifs dont le métabolisme produit des résidus acides et des radicaux libres. Ses effets antiacides bénéficieront aux personnes souffrant de problèmes articulaires comme l'arthrite, et de problèmes cutanés comme l'eczéma sec. La sève de bouleau est d'ailleurs parfois utilisée directement en externe pour ses vertus dermatologiques : en bains thérapeutiques ou en compresses directement sur les plaies, pour stimuler la régénérescence cellulaire et soigner des zones eczémateuses. Plus généralement, grâce à sa richesse minérale et la présence de silicium organique biodisponible, c'est un reminéralisant de terrain hors pair. Bien qu'à ce jour il soit difficile de le mettre en évidence, il est également prêté au silicium des vertus d'aide à l'élimination de l'aluminium dans le corps, un métal lourd aux nombreux effets néfastes. La richesse de la sève de bouleau en potassium aidera à la régulation de la circulation sanguine, tandis que le magnésium, le lithium et autres oligo-éléments aideront à la régulation des humeurs maussades.
Minéraux : calcium, magnésium, potassium.
Oligoéléments : cuivre, fer, manganèse, zinc, chrome, sélénium, lithium, or.
17 acides aminés dont l'acide glutamique.
Acides de fruits : acide phosphorique, acide malique, acide succinique, acide citrique.
Antioxydants : polyphénols et acides phénoliques, ...
La sève sera d'autant plus riche en minéraux si elle vient de bouleau de pleine forêt.
Il y a plus de deux siècles, le médecin français Pierre-François Percy, chirurgien des Armées de Napoléon, décrivait ainsi la récolte de cet élixir de jouvence : " Dès les premiers jours de mars, on va dans la forêt choisir un bouleau de moyenne taille, on y fait, avec une vrille grosse comme une plume à écrire, un trou horizontal à trois ou quatre pieds du sol. On place dans ce trou un tuyau de paille qui sort de ou quatre travers de doigts, pour servir de conducteur à l'eau qui va s'écouler en dessous, jusqu'à la terre. On dispose un récipient que l'on couvre d'un linge clair et propre, afin d'arrêter les petits insectes ou les ordures qui pourraient y tomber. Ce récipient se remplit bientôt. On ne fait cette perforation qu'une ou deux fois sur le même arbre, et, au bout de quelques jours, on passe à un autre, afin de ne pas trop le fatiguer. On doit alors prendre soin de boucher le trou avec un bout de bois, sans quoi le bouleau souffrirait, continuant à donner plus ou moins d'eau, sans toutefois en périr, tant cet arbre est dur et vivace". Percy concluait plus loin plus loin : "Dans tout le nord de l'Europe, l'eau de bouleau est l'espoir , le bonheur et la panacée des habitants riches et pauvres, grands et petits, seigneurs et cerfs, ...". Aujourd'hui les techniques de récolte se sont affinées.
La cure est simple et dure habituellement trois semaines (dix jours minimum) à raison de 15 cl de sève de bouleau fraîche tous les matins, à jeun de préférence. Il faut savoir que la stabilité naturelle du liquide rend inutile tout ajout de conservateur ou le recours à la pasteurisation. C'est de la sève pure et elle se conserve bien, mais meilleure elle sera si vous la consommez sans attendre. Le liquide recueilli est trouble et pas plus visqueux que l'eau. La sève se conserve au frais et ira naturellement vers la lacto-fermentation, ce qui peut la troubler légèrement mais la protège d'une éventuelle contamination par des bactéries nocives. Son goût va se modifier tout doucement pour aller vers le goût "petit lait" en fin de cure. Une petite précision tout de même : gardez la sève de bouleau au réfrigérateur si vous ne voulez pas que le bouchon de la bouteille vous explose à la figure ! La cure peut être renouvelée deux à quatre fois par an, aux intersaisons de préférence. On s'orientera alors vers la sève pasteurisée ou lactofermentée.
Attention, cette cure est déconseillée aux femmes enceintes, aux personnes allergiques au bouleau ou à l'acide salicylique.
Ajouter à un litre de sève de bouleau fraîche deux cuillères à café de sucre blond bio, trois figues bio coupées en morceaux, une poignée de myrtilles, un citron bio pressé et deux cuillères à café de grains de kéfir. Après 48 heures de fermentation, bouteille ouverte, filtrer (sans contact avec du métal), et conserver quatre jours au frais avant de consommer.
Conservation : Tout contenant ouvert se conserve un mois au frais. La sève de bouleau pasteurisée se conserve une année à température ambiante.
Aurélie Brunet, Naturopathe-Nutritionniste à Aix-les-Bains (73)
Le 18 mars 2023